Gérer les comptes d’une personne âgée au quotidien : conseils pratiques clés

La réalité ne se cache pas derrière des chiffres abstraits : 85 ans, 90 ans, parfois plus. Nos aînés vivent plus longtemps, mais la gestion de leur argent, elle, ne s’allège pas avec le temps. Entre la numérisation des banques et la multiplication des fraudes, les pièges se multiplient. Ceux qui veulent rester maîtres de leurs finances se heurtent souvent à un labyrinthe quotidien, truffé d’obstacles inattendus. Pourtant, quelques gestes simples peuvent bâtir un filet de sécurité, pour surveiller les comptes, déjouer les arnaques et garder la main sur les dépenses, sans sacrifier ni autonomie ni dignité.

Identifier les besoins financiers de la personne âgée

Au fil des années, la gestion du budget peut vite tourner au casse-tête. Diminution de l’autonomie, oublis, démarches administratives qui s’empilent… chaque situation demande une attention particulière. Avant toute chose, il s’agit de cerner avec précision les besoins financiers du parent concerné : ni trop, ni trop peu, mais au plus près de son rythme de vie et de ses priorités.

Évaluer les dépenses courantes

Pour y voir plus clair, il faut passer en revue les grandes catégories de dépenses qui rythment le quotidien :

  • Logement : loyer, charges, frais d’entretien.
  • Santé : assurance, consultations, pharmacie.
  • Alimentation : achats alimentaires, livraison de repas si besoin.
  • Services : soutien à domicile, transports adaptés.

Analyser les revenus disponibles

La stabilité financière repose aussi sur une estimation juste des ressources. On pense notamment à :

  • Pensions de retraite et autres allocations.
  • Épargne, livrets, placements financiers.
  • Appuis sociaux comme l’allocation personnalisée d’autonomie (APA).

Prévoir les imprévus

Un chauffe-eau qui lâche, une hospitalisation imprévue : ces situations demandent d’avoir prévu une marge dans le budget. C’est souvent là que l’accompagnement d’un aidant familial fait la différence. Un proche peut épauler la personne âgée pour ajuster ses comptes, vérifier les documents, ou solliciter l’aide d’un conseiller financier quand la situation le justifie.

Mettre en place des outils de gestion adaptés

Procuration bancaire

Pour simplifier la gestion des finances au quotidien, la procuration bancaire reste l’une des solutions les plus souples. Elle permet à un membre de la famille, un voisin ou une personne de confiance d’effectuer paiements et opérations courantes à la place du titulaire. L’avantage ? Réactivité et efficacité, notamment pour régler les factures ou retirer de l’argent en cas de besoin.

Curatelle et tutelle

Quand la situation l’exige, des mesures plus structurées existent. Curatelle et tutelle, décidées par un juge, offrent un cadre protecteur sur mesure. La curatelle accompagne la personne âgée dans ses démarches, tandis que la tutelle prend le relais pour les actes les plus engageants, comme la vente d’un bien ou un placement financier. Ici, tout dépend du degré d’autonomie et des risques identifiés.

Choix du représentant

Le choix du représentant peut profondément impacter la qualité du suivi. Plusieurs profils sont envisageables :

  • Membre de la famille disponible et impliqué
  • Voisin ou ami de confiance
  • Professionnel, comme un avocat
  • Personne extérieure en qui la famille place sa confiance

Ce choix engage la responsabilité du représentant, d’où l’importance de prendre le temps de la réflexion et d’en discuter ouvertement avec toutes les parties concernées.

Suivi et contrôle

La mise en place d’une protection judiciaire implique un contrôle régulier. Le greffier vérifie les comptes, assure la transparence des opérations et s’assure que l’intérêt de la personne protégée demeure la priorité. Un suivi régulier limite les dérives et rassure les proches comme la personne concernée.

Prévenir les fraudes et arnaques financières

Identifier les risques

Les personnes âgées figurent souvent parmi les cibles favorites des fraudeurs. La perte de repères dans le numérique, la confiance accordée aux interlocuteurs ou le simple isolement les exposent davantage aux arnaques, parfois très sophistiquées.

Adopter des mesures de protection

Quelques mesures concrètes peuvent réduire fortement les risques :

  • Mettre en place une procuration bancaire pour qu’un proche surveille les transactions.
  • Recourir à la curatelle ou à la tutelle si la vulnérabilité devient trop marquée.

Surveiller les comptes

Le contrôle des comptes bancaires doit devenir un réflexe. Examiner les relevés régulièrement, repérer les débits inhabituels ou les prélèvements suspects permet d’agir vite en cas de problème. Un aidant familial peut se charger de cette tâche, ou accompagner la personne âgée pour la rassurer.

Éduquer et sensibiliser

Informer, expliquer, répéter : c’est souvent la meilleure défense. Prévenir la personne âgée des méthodes employées par les fraudeurs, appels douteux, faux conseillers bancaires, mails frauduleux, lui donne les clés pour ne pas tomber dans le piège. Mieux vaut prévenir que courir après la réparation des dégâts.

Utiliser la technologie

La technologie peut aussi devenir une alliée précieuse. Nombre de banques proposent des alertes SMS ou email en cas de mouvement suspect, un service facile à activer et qui rassure autant les intéressés que leur entourage.

Consulter un professionnel

En cas de doute ou de situation litigieuse, le recours à un avocat spécialisé en droit des personnes âgées permet d’éviter bien des écueils. Un regard extérieur, des conseils sur-mesure et une vraie protection contre les abus financiers.

Connaître les dispositifs de protection juridique

Curatelle et tutelle

Curatelle et tutelle sont les deux grandes options de protection judiciaire pour accompagner un aîné dans ses démarches. Sur décision du juge des tutelles, ces dispositifs s’adaptent à la situation réelle de la personne. La curatelle, plus souple, vise les actes courants tandis que la tutelle offre une couverture complète, y compris la gestion du patrimoine et les décisions de la vie personnelle.

Rôle du juge des tutelles et du greffier

Le juge des tutelles évalue la situation et tranche sur l’étendue de la protection nécessaire. C’est lui qui statue sur la mise en place ou l’aménagement d’une mesure. Le greffier, lui, assure le contrôle annuel des comptes, garantissant transparence et respect des intérêts de la personne protégée. Ce double regard limite les risques d’abus et sécurise l’ensemble du dispositif.

Nommer un représentant

Pour assumer ce rôle de représentant, plusieurs choix s’offrent à la personne âgée et à ses proches : un membre de la famille, un ami de confiance, un voisin ou un professionnel comme un avocat. Cette désignation, à la fois rassurante et protectrice, doit s’aligner sur les souhaits de la personne concernée et sa situation.

  • Curatelle : accompagnement dans la gestion quotidienne.
  • Tutelle : protection globale incluant patrimoine et décisions personnelles.
  • Juge des tutelles : arbitre des mesures à adopter.
  • Greffier : en charge du contrôle annuel des comptes.

À mesure que l’espérance de vie progresse, la vigilance et l’entraide deviennent des remparts concrets contre l’isolement financier. Accompagner un proche dans la gestion de ses comptes, c’est lui rendre sa liberté de choix et sa sécurité, pas à pas, dans un monde où la confiance reste la meilleure des monnaies.

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